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Reliures de la Bibliothèque nationale de France

Reliure en maroquin bleu aux armes de France, à décor rocaille (bordure), Paris, atelier d'Antoine-Michel Padeloup, vers 1731-1733

Paris. Bibliothèque nationale de France. Réserve des livres rares. SMITH LESOUEF R-29

Mots clés
Reliure à décor ♦ Plein cuir ♦ Maroquin ♦ Bordure • Rocaille ♦ DorureFers (petits) • Fers pleinsPlaquesRoulettes ornées
Dimensions :
638 x 490 x 42 mm

Commentaire

Reliure contemporaine de l'édition.

Reliure exécutée à Paris vers 1731-1733 par l'atelier d'Antoine-Michel Padeloup dit le Jeune, dont l'étiquette est collée au bas de la planche intitulée Nom des peintres et graveurs, placée dans cet exemplaire avant la table finale : « Relié par Padeloup le jeune / Place Sorbonne à Paris » (étiquette A). Ce livre monumental (635 x 470 mm), comprenant 74 planches gravées (dont 10 doubles) pour la plupart dessinées par Pierre Dulin (1669-1748), peintre ordinaire du roi, relate les événements de la journée du sacre et détaille les habillements du roi et de sa suite. Paru sans mention de lieu d’impression, d’imprimeur ni de date, on sait, par la relation qu’en donne Le Mercure de France en avril 1732, que l’ouvrage fut présenté à Louis XV le 24 décembre 1731, soit plus de neuf ans après l’événement, retard dû autant aux difficultés techniques inhérentes à la réalisation d’un projet éditorial aussi ambitieux qu'aux atermoiements dans le paiement des artistes sollicités. Cet ouvrage commémoratif officiel célébrant un acte majeur et fondamental du règne et, par-là, "la légitimité de la royauté de droit divin, de sa grandeur et de ses fastes" (Bléchet 1995, p. 26), était destiné à être largement distribué pour en assurer la meilleure publicité, ce qui nécessita dès lors la mise en place de campagnes successives de reliures, de qualités d’exécution diverses.

La réalisation des reliures de commande donna notamment lieu à la gravure spéciale de plaques ornementales d’inspiration rocaille, couramment appelées aujourd'hui « plaques du Sacre », destinées à la composition de larges bordures évoquant le cadre des gravures présentes dans l’ouvrage et conférant de fait aux reliures l’allure d’un tableau encadré. Ces plaques sont au nombre de neuf, réparties en deux jeux distincts ayant donné lieu à la réalisation de deux séries au dessin extrêmement proche : l’une repose sur la combinaison de cinq plaques (Culot 1970, II-A / Barber 2013, FE2) et la seconde, sur la combinaison de quatre plaques (Culot 1970, II-B / Barber 2013, FE1). D’après les comptes conservés, ces plaques furent utilisées pour des reliures dont la production s’étend de 1733 à 1747 ; ces mêmes comptes révèlent que plusieurs relieurs furent sollicités et que ces deux jeux de plaques leur étaient confiés au gré des commandes, ce qui expliquent qu'on les retrouve indifféremment associés au nom de Antoine-Michel Padeloup (séries A/FE2 et B/FE1)(dès 1733), de Louis Chenu fils (série B/FE1)(1747-1753), Pierre Vente (série B/FE1)(à partir de 1753), ou encore un membre de la famille Derome (série A/FE2). Il est à noter que ces "plaques du Sacre" ne furent pas exclusivement utilisées sur des exemplaires du Sacre de Louis XV mais qu'eles furent employées aussi par la suite pour composer le décor de bordure d'autres livres de fêtes du XVIIIe s.

Le présent exemplaire appartient à la série des décors de bordure composée par la juxtaposition de cinq plaques, respectivement empreintes deux jointes au milieu des petits côtés (75 x 220 mm et 75 x 135 mm ; Culot 1970, II-A, n°4 et 5 / Barber 2013, FE1 (c) et (d), branches de laurier dessinant une fleur de lis à leur jonction), une troisième dans les angles (105 x 105 mm de côté ; Culot 1970, II-A, n° 3 / Barber 2013, FE1 (a), avec fleur de lis incluse dans une couronne de palmes) et les deux autres combinées sur les grands côtés (70 x 105 et 75 x 165 mm ; Culot 1970, II-A, n° 1 et 2 / Barber 2013, FE1 (e) et (b), respectivement avec fleur de lis centrale et avec branche déployée côté intérieur). Quatorze empreintes, faites au moyen d’une presse, sont au total nécessaires à la réalisation complète du décor. Sur la foi de l’étiquette apposée au bas de la planche finale, la reliure a été exécutée par Antoine-Michel Padeloup avant qu’il ne reçoive le titre de relieur du roi, donc avant 1733. On recense plus d'une douzaine d'exemplaires appartenant à cette série (Culot 1970, p. 49-50 et Culot 1984).

Il existe aussi pour ce livre du Sacre de Louis XV des reliures soignées en maroquin ornées d’un encadrement à la Duseuil ou plus simplement exécutées en veau. À l'inverse, et de manière beaucoup plus exceptionnelle, quelques amateurs firent richement relier leur exemplaire ; c’est le cas de celui conservé aujourd’hui à la Walters Art Gallery (Baltimore, USA) ornée d’une bordure entièrement composée aux petits fers, très proche dans son esprit historiciste du décor des reliures exécutées par Antoine-Michel Padeloup pour l’amateur Châtre de Cangé.

Description de la reliure

  • Reliure en maroquin bleu aux grandes armes de France (OHR 2495, 20 / Barber 2013, OHR/TLW 2495 20d ; 157 x 145 mm) à décor de large bordure exécutée à l'aide de cinq plaques ornementales à motif végétal (feuille d'acanthe, lauriers, palmes et fleurons), complétée chacune au milieu des côtés d'une fleur de lis et, dans les angles, d'une fleur de lis associée au chiffre royal (double L entrelacé) inscrit dans une couronne de palmes. Mince bordure dorée composée d'une roulette à motif floral (alternance de fleurs de lis et boucles ; Barber 2013, ROLL 48).
  • Dos à 9 nerfs, marqués de traits verticaux dorés ; entrenerfs marqués au centre et dans les angles du chiffre royal (double L entrelacé, entourant une fleur de lis avec quatre flammes, surmonté d'une couronne fermée), en deux dimensions, ainsi que d'un lis couronné au milieu des petits côtés, le tout complété de petits fers ornementaux répétés (bouton de fleur, étoile, point doré), encadrement d'un double filet doré ; dans le 2e entrenerf, titre « le sacre de lovis * xv » doré sur quatre lignes, directement sur le cuir de couvrure ; en tête et queue, roulette ornée à motif héraldique et végétal (fleur de lis et palme), redoublée en queue. Coiffe de queue nue (celle de tête a disparu).
+ de détails sur la reliure 

Reliures apparentées

Un autre exemplaire de cette édition dans une reliure analogue est conservé à la Réserve des livres rares de la BnF, sous la cote RES GR FOL-LB38-232.

Provenances

Auguste Lesouëf (1829-1906) ; Jeanne Smith (1857-1943) et Madeleine Champion (1864-1940), ses nièces et héritières.

Entrée dans les collections

Entré à la Bibliothèque nationale en 1913, par legs à l'Etat de la bibliothèque d'Auguste Lesouëf par ses héritières et nièces, Jeanne Smith et Madeleine Champion ; estampille du don : FONDATION SMITH-LESOUEF (à la page de titre).

Monographies et articles (5)

Michon 1951, p. 105 
Michon, Louis-Marie. La Reliure française. Paris : Larousse, 1951
Culot 1970, p. 36-51 (notamment p. 41, 45 et n° III, p. 51) 
Culot, Paul. "Sur quelques reliures d’époque à décor doré du « Sacre de Louis XV » ". Les Cahiers de Mariemont.1970, I, p. 36-51
Culot 1984, p. 384, note 8) 
Culot, Paul. "Pierre Vente et compagnie ?". De Libris compactis miscellanea. Aubel : Pierre M. Gason. Bibliotheca Wittockiana, 1984, (Studia Bibliothecae Wittockianae ; 1), p. 325-332
Bléchet 1995, p. 7-31 
Bléchet, Françoise. "Le Livre du sacre de Louis XV.". Le Livre et l'Estampe.1995, p. 7-31
Barber 2013, I, p. 310-311. 
Barber, Giles. The James A. de Rothschild Bequest at Waddesdon Manor : Catalogue of Printed Books and Bookbindings. Waddesdon Manor : The Rothschild Foundation, 2013

Expositions (1)

Paris 1974, Louis XV, n° 363 (ex. de la bibliothèque de Versailles : reliure identique, aux armes de Mesdames de France). 
Louis XV : un moment de la perfection de l'art français. Catalogue de l'exposition. Paris : Hôtel de la Monnaie, 1974