Reliure à la grecque en maroquin orange à bordure de rinceaux aux armes de Henri II, roi de France, Paris, atelier de Claude Picques, vers 1556
Paris. Bibliothèque nationale de France. Réserve des livres rares. RES-V-718
- Mots clés
- Reliure à décor ♦ Plein cuir • Reliure à la grecque ♦ Maroquin ♦ Bordure • Rinceaux ♦ Dorure • Filets • Mosaïque de cuirs • Rehauts peints
- Dimensions :
- 278 x 201 x 42 mm
Contenu
- Nicolas Copernic. De Revolutionibus orbium coelestium libri VI. Nuremberg : Johann Petreius, 1543. In-fol.
Reliure
Commentaire
Reliure exécutée à Paris vers 1556 par Claude Picques, relieur du roi. Cette commande correspond à la dernière phase du programme de reliure bellifontain mis en oeuvre sous le règne de Henri II, qui est exclusivement destinée aux volumes imprimés acquis à partir du début des années 1550, pour lesquels sont créées des reliures aux grands décors tous uniques et qui comptent de ce fait parmi les plus luxueuses réalisations de la Renaissance française dans leur domaine. Concernant la reliure proprement dite, on retrouve ici les éléments distinctifs du cahier des charges mis en place pour ce petit groupe, qui reprend en fait, sans considération aucune pour la langue de rédaction des textes, les éléments structurels initialement définis, lors du lancement de ce programme de reliure sous le règne de François Ier, pour les manuscrits et imprimés en grec. Il s'agit donc de reliures dites à la grecque, où l'on reconnaît les plats constitués d’ais aux chants rainurés, le dos long avec coiffes débordantes et l'absence de chasses, les tranchefiles brodées doubles et les quatre paires de lanières de cuir tressé (traces) en guise de fermoirs. On voit aussi sur les plats la trace des boulons métalliques dont toutes ces reliures étaient initialement dotées. Au sein de ce groupe restreint, le seul élément permanent de l'héraldique royale est la présence, au centre des plats, de la petite plaque centrale aux armes de Henri II, ici dorée sur une pièce de maroquin rouge mosaïquée découpée à l'exacte forme du bloc armorial. Elle est accompagnée, dans le panneau central, de l'emblématique royale argentée (H couronné, emblème aux trois croissants entrelacés, chiffre HDD, arc et carquois) associée à des fleurs de lis dorées ; des emblèmes sont aussi dorés dans la bordure (cf. ci-dessous).
Concernant le décor de cette reliure, il fait partie de ceux qui respectent encore à cette date la règle originelle, propre au programme bellifontain, d’une disposition sous la forme d’un encadrement rectangulaire. Il prend ici la forme d'une large bordure où se déroule une frise de rinceaux dorée en réserve sur un fond reteinté en noir, dont les enroulements et formes végétales ou florales se développent de manière symétrique à partir des quadrilobes dorés au milieu de chacun des côtés, marqués chacun d'un emblème royal doré (chiffre HDD et emblème aux trois croissants entrelacés). Le dos a reçu un décor analogue d'une frise de rinceaux dorés en réserve sur un fond reteinté en noir, repris tête-bêche de part et d'autre d'un grand chiffre HDD doré.
Le traitement des tranches, dorées et ciselées, propose quant à lui un plein décor de rinceaux associés à l'emblématique royale.
Description de la reliure
- Reliure à la grecque en maroquin orange aux armes de Henri II (plaque h. 104 mm) dorées sur une pièce de maroquin rouge mosaïquée découpée à la forme exacte des armes, au centre d'un panneau central rectangulaire marqué de fleurs de lis dorées et des emblèmes royaux argentés (fers) : alternance du chiffre HDD et de l'emblème aux trois croissants dans les angles, arc et carquois mêlés au-dessus et au-dessous du bloc armorial ; bordure à décor de rinceaux dorés en réserve sur un fond reteinté en noir, associé à un croissant dans les angles et dégageant au milieu des côtés de petits cartouches marqués des emblèmes royaux (fers) : chiffre HDD en tête et queue ; emblème aux trois croissants entrelacés sur les grands côtés ; le nom de l'auteur, « Copernicus », a été ajouté à l'encre au-dessus du bloc armorial, sur les deux plats.
- Au plat supérieur, titre « nicolai • cop • de • revolvtionv~ • » doré, ponctué d'un petit fer à motif végétal (feuille de vigne), en tête du plat. « Copernicus »
- Dos long à décor analogue de rinceaux doré en réserve sur un fond reteinté en noir dessinant le chiffre royal HDD au centre ; bande de hachures dorées en tête et queue. Coiffes marquées de hachures dorées.
- Tranches dorées et ciselées à décor de rinceaux associé aux emblèmes royaux, le tout exécuté au poinçon : emblème aux trois croissants entrelacés en tête, lettre H couronnée en gouttière, chiffre HDD en queue.
- Tranchefiles brodées doubles à chapiteau et à passe, à points droits sur chevrons, bicolores (fils de soie bleu et jaune pour les deux).
- Éléments annexes : Traces de petits boulons aux quatre angles intérieurs de la bordure mosaïquée des deux plats. Traces de quatre lanières tressées sur le plat inférieur (1-2-1) et de leur fixation sur les trois chants de l'ais supérieur. Pas de traces de sabots.
- Minces chasses marquées d'un filet à froid.
- Contregardes et gardes papier blanc (2 au début et en fin de volume), avec filigrane : lettre B (contregarde inférieure).
Structure : Matériau des plats : ais. Couture sur 5 nerfs de peau. Les entrenerfs ont été apprêtés et comblés avant couvrure, de manière à obtenir un dos lisse propre à recevoir un décor en continu.
État de conservation : Travail de vers sur les ais. Reliure restaurée : angle inférieur de chaque plat (y compris retouche de dorure et peinture noire), comblage des fixations des lanières sur les chants.
Historique du document
Provenances
Henri II, roi de France (1547-1559) ; Bibliothèque royale de Fontainebleau.
Entrée dans les collections
Présent dès l'origine dans les collections de la Bibliothèque royale, estampillé à la fin du XVIIe siècle, (estampille n° 1, première estampille utilisée à la Bibliothèque royale, de la fin du XVIIe siècle à 1724).Anciennes cotes attribuées à la Bibliothèque : « DCCCCXXVI » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIe siècle, catalogue Rigault I, 1622)(à la page de titre) ; « 558 » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIe siècle, catalogue des frères Dupuy, 1645) ; « double de V 195 » (cote du XIXe s., face à la page de titre)