Reliure à la grecque en maroquin brun à décor d'encadrement et cartouches aux armes de Henri II, roi de France, Paris, atelier de Claude Picques, vers 1556-1558
Paris. Bibliothèque nationale de France. Réserve des livres rares. RES FOL-T23-59 (4-5)
- Mots clés
- Reliure à décor ♦ Plein cuir • Reliure à la grecque ♦ Maroquin ♦ Cartouche • Encadrement ♦ Dorure • Filets • Mosaïque de cuirs • Rehauts peints
- Dimensions :
- 398 x 260 x 78 mm
Contenu
- Claude Galien. Opera omnia [tomus quartus et quintus]. Bâle : Johann Froben, Nikolaus Episcopius, 1549. In-fol.
Reliure
Commentaire
Reliure exécutée vers 1556-1558 à Paris par Claude Picques, relieur du roi. Cette commande correspond à la dernière phase du programme de reliure bellifontain mis en oeuvre sous le règne de Henri II, qui est exclusivement destinée aux volumes imprimés acquis à partir du début des années 1550, pour lesquels sont créées des reliures aux grands décors tous uniques et qui comptent de ce fait parmi les plus luxueuses réalisations de la Renaissance française dans leur domaine. Concernant la reliure proprement dite, on retrouve ici les éléments distinctifs du cahier des charges mis en place pour ce petit groupe, qui reprend en fait, sans considération aucune pour la langue de rédaction des textes, les éléments structurels initialement définis, lors du lancement de ce programme de reliure sous le règne de François Ier, pour les manuscrits et imprimés en grec. Il s'agit donc de reliures dites à la grecque, où l'on reconnaît les plats constitués d’ais aux chants rainurés, le dos long avec coiffes débordantes et l'absence de chasses, les tranchefiles brodées doubles et les quatre paires de lanières de cuir tressé (traces) en guise de fermoirs. On voit aussi sur les plats les boulons métalliques dont toutes ces reliures étaient initialement dotées. Au sein de ce groupe restreint, le seul élément permanent de l'héraldique royale est la présence, au centre des plats, de la petite plaque centrale aux armes de Henri II, ici dorée sur une pièce de maroquin rouge mosaïquée et découpée à l'exacte forme du bloc armorial. Des fers emblématiques lui ont été adjoints uniquement au dos : grand chiffre H au centre et carquois en tête et queue.
Concernant le décor de cette reliure, il fait partie de ceux qui respectent encore à cette date la règle originelle, propre au programme bellifontain, d’une disposition sous la forme d’un encadrement rectangulaire. Il prend ici la forme d'une bande noire encadrée de doubles filets dorés et il n'est en fait qu'un prétexte à la distribution du véritable décor, qui repose sur la présence de cuirs dorés inspirés de l'architecture et de la sculpture ornementale, aux formes rehaussées de noir, avec enroulements et terminaisons florales, qu'il s'agisse de la vaste composition centrale encadrant le bloc armorial ou des quatre compositions latérales, dont le cartouche ovale est mosaïqué de petites pièces de maroquin marbré. Il est à noter que ce décor a été entièrement exécuté au moyen de fers courbes et filets. Le dos a reçu un décor analogue de cuirs dorés et rehaussés de noir, à terminaisons florales, qui n'occupent que la partie centrale et les extrémités de la surface disponible.
Le traitement des tranches, dorées et ciselées, propose quant à lui un décor de larges rinceaux circonscrits aux extrémités, encadrant ainsi l'emblématique royale ciselée dans la partie centrale.
Description de la reliure
- Reliure à la grecque en maroquin brun aux armes de Henri II (plaque h. 104 mm) dorées sur une pièce centrale mosaïquée de maroquin rouge découpée au format exact des armes, inscrite dans un large cartouche doré à bandes plates et terminaisons florales, rehaussé de noir, le tout dans un large encadrement central rectangulaire doré et rehaussé de noir, souligné au milieu des côtés d'un compartiment doré à bandes plates et volutes rehaussées de noir, au champ mosaïqué d'une pièce ovale de maroquin marbré poudré d'or.
- Au plat supérieur, titre « opera galeni tomvs• 4• 5• » doré sur deux lignes dans le compartiment supérieur.
- Dos long à décor discontinu de cartouches à bandes plates et terminaisons florales, dorés et rehaussés de noir, encadrant chiffre et emblèmes royaux : au centre, lettre H associée à un croissant et, en tête et queue, carquois ; bande de hachures dorées en tête et queue. Coiffes marquées de hachures dorées.
- Tranches dorées et ciselées à décor de rinceaux aux extrémités et emblèmes royaux au centre, le tout exécuté au poinçon : emblème aux trois croissants entrelacés en tête ; grande lettre H couronnée associée à un petit croissant en gouttière ; chiffre HDD en queue.
- Tranchefiles brodées doubles à chapiteau et à passe, à points droits sur chevrons (fils de soie respectivement bleu et jaune sur brun et écru).
- Éléments annexes : Boulons fixés aux quatre coins des deux plats. Traces de deux lanières tressées en tête et queue du plat inférieur (1+1) et de leur fixation sur les chants correspondants de l'ais supérieur (1+1) ; en gouttière, les deux lanières tressées ont été restituées, sous la forme d'une double lanière terminée par une agrafe métallique, fixées au plat inférieur et attachées chacune à une contre-agrafe métallique en forme de piton, fichée dans le chant de l'ais supérieur. Quatre sabots fichés dans le chant inférieur des deux ais (2+2).
- Chasses non marquées.
- Contregardes et gardes papier blanc (2 au début et 2 en fin de volume), filigrane lettre B (sur la 1ère en début et en fin de volume).
Structure : Matériau des plats : ais. Couture sur six doubles nerfs de peau. Les entrenerfs ont été apprêtés et comblés avant couvrure, de manière à obtenir un dos lisse propre à recevoir un décor en continu. Claies de parchemin contrecollées visibles sous les contregardes (bande trapézoïdale).
État de conservation : Éraflures et épidermures notamment au plat inférieur. Reliure restaurée (maroquin) : coins regainés.
Reliures apparentées
Historique du document
Provenances
Henri II, roi de France (1547-1559) ; Bibliothèque royale de Fontainebleau.
Entrée dans les collections
Présent dès l'origine dans les collections de la Bibliothèque royale, estampillé à la fin du XVIIe siècle (estampille n° 1, première estampille utilisée à la Bibliothèque royale, de la fin du XVIIe siècle à 1724).Anciennes cotes attribuées à la Bibliothèque : « CCCCLXVII » (barrée)(cote de la Bibliothèque royale au XVIIe siècle, catalogue Rigault I, 1622) ; « 211 » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIe siècle, catalogue des frères Dupuy, 1645) ; « T.28 » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIIe s.)