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Reliures de la Bibliothèque nationale de France

Reliure en maroquin olive à composition centrale et écoinçons et semé pour Elizabeth I, reine d'Angleterre, Paris, atelier non identifié, vers 1580

Paris. Bibliothèque nationale de France. Réserve des livres rares. Z PAYEN-2

Mots clés
Reliure à décor ♦ Plein cuir ♦ Maroquin ♦ Centre et coins • Semé ♦ DorurePlaques
Dimensions :
170 x 112 x 56 mm

Second état de l’édition originale des Essais (livres I et II), exemplaire réglé.

Commentaire

Reliure contemporaine de l'édition.
Reliure exécutée à Paris vers 1580 par un atelier non identifié. Les questions entourant l'histoire de ce volume sont relatées à longues lignes par l'historien Jean Marchand (1894-1988), qui lui consacra un article complet en 1962. Une correspondance entretenue en 1857-1858 entre l'homme de lettres franco-anglais Gustave Masson (1819-1888), installé en Angleterre, et le libraire et éditeur Pierre Jannet (1820-1870) évoque en effet les circonstances de l'achat de l'exemplaire, qualifié, en raison du caractère extraordinaire de sa provenance, de « véritable merle blanc » de la bibliophilie. La transaction de ce « trésor bibliographique », pour reprendre cette fois les termes de Joseph Van Praet à qui l'exemplaire avait été montré en 1814 par sa propriétaire, qui souhaitait alors s'en dessaisir, fut négociée pour le docteur Payen, médecin et érudit spécialiste de Montaigne, qui s'en rendit acquéreur en 1858 au prix de 500 fr. La question de l'authenticité de la pièce et, plus encore, de sa reliure et de son lieu de réalisation sont dès l'époque de l'achat âprement discutées entre les experts sollicités, de même que celle de la destinataire initiale de la pièce (le nom d'Elisabeth d'Autriche (1554-1592), veuve de Charles IX, fut même évoqué). Un certain nombre d'éléments plaident finalement plutôt pour une réalisation française : la couronne dorée au-dessus des initiales E.R. est française et non anglaise (celle-ci se distingue par la présence d'une Croix de Malte) ; le fer à la rose, utilisé pour composer le semé, est bien différent de la rose d'York à cinq pétales, très caractéristique, utilisé sur les reliures anglaises. H. Nixon avait pour sa part "confirmé n'avoir pas vu de reliure de ce genre au British Museum [i.e. à la British Library] ni à Windsor" (Marchand, art. cité, p. 27). Nous pouvons ajouter ici que la plaque centrale est aussi une plaque française : elle se retrouve ainsi dorée sur un exemplaire du Discours sur les médalles (sic) d'Antoine le Pois, imprimé à Paris chez Mamert Patisson en 1579, préservé dans sa reliure d'origine en vélin ; les écoinçons azurés bordés d'une corne d'abondance, dorés sur cette seconde reliure, sont en revanche d'un dessin très proche mais distinct.

L'hypothèse plus récemment émise que cette reliure était destinée à Elizabeth I d'Angleterre et aurait pu lui être offerte par François d'Anjou, duc d'Alençon, frère puîné de Henri III, roi de France (1574-1589), au moment d'un projet de mariage entre lui et la reine, est en revanche plus récente (cf. Washington 1995, Creating French Culture , n° 85), mais ne repose sur aucune preuve. Pour reprendre les termes de Marchand, « Quant à savoir si c'est Montaigne lui-même qui a fait relier le livre pour la reine, - c'est possible, mais on ne saurait le dire certainement » (art. cité, p. 27).

Description de la reliure

  • Reliure en maroquin olive à couronne centrale de feuillage (lauriers) incluant en tête et queue, sur le modèle de mascarons, une figure d'angelot, au champ marqué des initiales « E.R. » surmontées d'une couronne fermée, auxquelles répond sur le champ des plats un semé de fleurs de lis et de roses ; dans les angles, écoinçons ornés de cornes d'abondance sur fond azuré. Encadrement d'un triple filet (2+1).
  • Dos long à semé de fleurs de lis et de roses, analogue à celui des plats. Coiffes refaites (hachures dorées).
+ de détails sur la reliure 

Provenances

François d'Anjou, duc d'Alençon (1554-1584) ? ; offert par ce dernier (?) à Elizabeth I, reine d'Angleterre (1558-1603) ; un membre de la famille Dawnay de Downe (ex-libris gravé au contreplat supérieur) ; James Edwards (1757-1816) ; Beatrice James Edwards (1814-1895) ; Jean-François Payen (1800-1870)(achat en 1858).

Entrée dans les collections

Entré à la Bibliothèque en 1870 par don, avec l'ensemble de la collection du docteur Payen, consacrée à Montaigne (estampille du don à la page de titre, accompagnée de l'estampille n° 41, utilisée à partir de 1870).

Monographies et articles (4)

Richou 1878, p. X et n° 2, p. 1-2 
Richou, Gabriel. Inventaire de la collection des ouvrages et documents réunis par J.-F. Payen et J.-B. Bastide sur Michel de Montaigne,.... Paris : L. Techener, 1878
Meunier 1914, pl. LXX 
Meunier, Charles. Cent reliures de la Bibliothèque nationale. [Paris] : pour la Société des Amis du livre moderne, 1914
Marchand, Jean. "Le Montaigne de la reine Elisabeth d'Angleterre (1580)". Bulletin de la Société des Amis de Montaigne.1962, 2, p. 23-27
Trésors BnF 1996, n° 76 (pl.). 
Trésors de la Bibliothèque nationale de France. Volume I, Mémoires et merveilles, VIIIe-XVIIIe siècles. Paris : Bibliothèque nationale de France, 1996

Expositions (3)

Notice des objets exposés / Bibliothèque nationale / Département des imprimés. Paris : H. Champion, 1878
Charon 1988, n° 22 (pl.) 
Charon, Annie. Cinquante reliures françaises à décor sur des textes importants et provenant de collections renommées. Paris : Bibliothèque nationale ; Technorama, 1988
Creating French culture : treasures from the Bibliothèque nationale de France. Washington : Library of Congress. Bibliothèque nationale de France, 1995