Reliure à la grecque en maroquin orange à décor d'entrelacs courbes, aux armes de Henri II roi de France, Paris, atelier de Gomar Estienne, vers 1552-1553
Paris. Bibliothèque nationale de France. Réserve des livres rares. RES-YB-110
- Mots clés
- Reliure à décor ♦ Plein cuir • Reliure à la grecque ♦ Maroquin ♦ Entrelacs courbes ♦ Argenture • Filets • Rehauts peints
- Dimensions :
- 336 (348) x 232 x 65 mm
Contenu
- Eustathe de Thessalonique. [Grec] In Homeri Iliadem et Odysseam commentarii [Tomus primus]. Rome : Nicolas Maioranus, Antonio Blado, 1542. In-fol.
Quelques annotations en grec à la mine de plomb, d'une écriture très fine.
Reliure
Commentaire
Reliure exécutée à Paris vers 1552-1553 par Gomar Estienne, relieur du roi. Cette commande correspond à la dernière phase du programme de reliure bellifontain mis en oeuvre sous le règne de Henri II, qui est exclusivement destinée aux volumes imprimés acquis à partir du début des années 1550, pour lesquels sont créées des reliures aux grands décors tous uniques et qui comptent de ce fait parmi les plus luxueuses réalisations de la Renaissance française dans leur domaine. Concernant la reliure proprement dite, on retrouve ici les éléments distinctifs du cahier des charges mis en place pour ce petit groupe, qui reprend en fait, sans considération aucune pour la langue de rédaction des textes, les éléments structurels initialement définis, lors du lancement de ce programme de reliure sous le règne de François Ier, pour les manuscrits et imprimés en grec. Notons ici que, en l'occurrence, ce lien est préservé puisqu'il s'agit d'une édition en grec, parmi les toutes dernières confiées dans le cadre du programme bellifontain. Il s'agit donc de reliures dites à la grecque, où l'on reconnaît les plats constitués d’ais aux chants rainurés, le dos long avec coiffes débordantes et l'absence de chasses, les tranchefiles brodées doubles et les quatre paires de lanières de cuir tressé (traces) en guise de fermoirs. On voit aussi sur les plats les boulons métalliques dont toutes ces reliures étaient initialement dotées. Au sein de ce groupe restreint, le seul élément permanent de l'héraldique royale est la présence, au centre des plats, de la petite plaque centrale aux armes de Henri II, ici argentée et rehaussée de noir ; elle est associée à de nombreux fers emblématiques argentés et rehaussés de noir, disposés aussi bien dans l'ovale central que placés dans le décor, ainsi qu'à de larges chiffres et emblèmes peints en noir (cf. détail ci-dessous).
Concernant le décor de cette reliure, il fait partie de ceux qui s'émancipent à cette date de la règle originelle, propre au programme bellifontain, d’une disposition sous la forme d’un encadrement rectangulaire. Il prend ici la forme d'un plein décor d'entrelacs courbes argentés, déployés à partir d'un ovale central, dont les rubans constitutifs peints en noir sont associés à quatre branches de rinceaux légèrement rehaussés en rouge pour accentuer les effets de relief. Le même principe ornemental a été retenu au dos, qui offre un plein décor d'entrelacs peints en noir composé par la répétition tête-bêche, de part et d'autre de la ligne médiane, d'un même patron.
Le traitement des tranches, dorées et ciselées, propose également un décor d'entrelacs courbes, qui offre la particularité, sur les tranches de tête et queue, d'inclure à plusieurs reprises dans son dessin un arc qui fait écho aux éléments héraldiques qui y sont également poussés. Par contraste, l'absence de ces éléments en gouttière donne à voir le motif dans une forme probablement plus proche du modèle original.
Description de la reliure
- Reliure à la grecque en maroquin orange aux armes de Henri II (plaque h. 104 mm) argentées et rehaussées de noir (pourtour et croissant), à plein décor d'entrelacs courbes argentés peints en noir à terminaisons de volutes, parfois rehaussées de rouge, organisés autour d'un vaste ovale central, bordure peinte en noir. Fers héraldiques abondants argentés dans l'ovale central (fleur de lis et petite lettre H couronnée) et inclus dans le décor d'entrelacs (fleur de lis, lettre H surmontée d'une large couronne fermée et chiffre HDD) ; exécutés en sus au filet, emblème aux trois croissants entrelacés avec rehauts noirs de part et d'autre des armes et grand chiffre HDD avec rehauts noirs en tête et queue.
- Au plat supérieur, dans la bordure peinte en noire, titre grec doré (titrage réalisé avec des lettres latines) et tomaison « a » dorée dans le décor.
- Dos long à décor analogue d'entrelacs courbes argentés à rehauts noirs ; bande de hachures argentées, avec alternance de rehauts noirs, en tête et queue. Coiffes débordantes marquées de hachures estampées à froid.
- Tranches dorées et ciselées à décor d'entrelacs courbes exécuté aux filets, prenant la forme de deux arcs aux extrémités et dans la partie centrale des tranches de tête et queue, associé à des fers héraldiques : emblème aux trois croissants entrelacés et fleur de lis en tête, emblème aux trois croissants entrelacés seul en queue.
- Tranchefiles brodées doubles à chapiteau et à passe, à points droits sur chevrons, bicolores (fils de soie respectivement écru et jaune rosé sur bleu et jaune rosé).
- Éléments annexes : Boulons fixés aux quatre coins des deux plats. Traces de quatre lanières tressées sur le plat inférieur (1-2-1) et de leur fixation sur les trois chants de l'ais supérieur (1-2-1). Quatre sabots fichés dans le chant inférieur des deux ais (2+2).
- Chasses marquées d'un filet estampé à froid.
- Contregardes et gardes papier blanc (3 au début et 3 en fin), sans filigrane.
Structure : Matériau des plats : ais. Couture grecquée sur 5 nerfs de ficelle. Visible par transparence sous les contregardes, bande de renfort rectangulaire contrecollée.
État de conservation : Quelques éraflures sur les plats.
Reliures apparentées
Historique du document
Provenances
Henri II, roi de France (1547-1559), pour la Bibliothèque royale de Fontainebleau.
Entrée dans les collections
Présent dès l'origine dans les collections de la Bibliothèque royale : estampille n° 1 (première estampille utilisée à la Bibliothèque royale, de la fin du XVIIe siècle à 1724).Anciennes cotes attribuées à la Bibliothèque : « CCCCVI » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIe siècle, catalogue Rigault I, 1622); « 321 » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIe siècle, catalogue des frères Dupuy, 1645) ; « Y.168 », barré et remplacé par « 164 » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIIe s.)
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