Reliure à la grecque en maroquin noir à semé d'emblèmes et chiffres mosaïqués, aux armes de Henri II, roi de France, Paris, atelier de Gomar Estienne, vers 1554-1555
Paris. Bibliothèque nationale de France. Réserve des livres rares. RES-V-164
- Mots clés
- Reliure à décor ♦ Plein cuir • Reliure à la grecque ♦ Maroquin ♦ Semé ♦ Dorure • Filets • Mosaïque de cuirs
- Dimensions :
- 323 (331) x 203 x 52 mm
Contenu
- Witelo. De Natura, ratione et projectione radiorum visus, luminum [...] libri X. Nuremberg : Johann Petreius, 1551. In-fol.
Reliure
Commentaire
Reliure exécutée à Paris vers 1554-1555 par Gomar Estienne, relieur du roi. Cette commande correspond à la dernière phase du programme de reliure bellifontain mis en oeuvre sous le règne de Henri II, qui est exclusivement destinée aux volumes imprimés acquis à partir du début des années 1550, pour lesquels sont créées des reliures aux grands décors tous uniques et qui comptent de ce fait parmi les plus luxueuses réalisations de la Renaissance française dans leur domaine. Concernant la reliure proprement dite, on retrouve ici les éléments distinctifs du cahier des charges mis en place pour ce petit groupe, qui reprend en fait, sans considération aucune pour la langue de rédaction des textes, les éléments structurels initialement définis, lors du lancement de ce programme de reliure sous le règne de François Ier, pour les manuscrits et imprimés en grec. Il s'agit donc de reliures dites à la grecque, où l'on reconnaît les plats constitués d’ais aux chants rainurés, le dos long avec coiffes débordantes et l'absence de chasses, les tranchefiles brodées doubles et les quatre paires de lanières de cuir tressé (traces) en guise de fermoirs. On voit aussi sur les plats la trace des boulons métalliques dont toutes ces reliures étaient initialement dotées. Au sein de ce groupe restreint, le seul élément permanent de l'héraldique royale est la présence, au centre des plats, de la petite plaque centrale aux armes de Henri II, dorée sur une pièce de maroquin orange mosaïquée découpée à l'exacte forme du bloc armorial.
Concernant le décor de cette reliure, il fait partie il fait partie de ceux qui s'émancipent à cette date de la règle originelle, propre au programme bellifontain, d’une disposition sous la forme d’un encadrement rectangulaire. Bien plus, il prend ici la forme d'un semé héraldique sans équivalent au sein des reliures du programme bellifontain : mis à part l'arc et le carquois doré en quinonce sur les côtés, il propose en effet de grands chifre HDD et emblèmes aux trois croissants entrelacés réalisés par des mosaïques de maroquin rouge, sertis d'un filet doré. Une mince bordure de maroquin orange mosaïquée, sertie de filets dorés, achève la composition. Le dos compartimenté reste dans le même thème, avec la répétition de l'emblème aux trois croissants également mosaïqué de maroquin rouge et serti de filets dorés.
Le traitement des tranches, dorées et ciselées, propose quant à lui un décor de larges rinceaux circonscrits aux extrémités, encadrant ainsi l'emblématique royale ciselée dans la partie centrale.
Description de la reliure
- Reliure à la grecque en maroquin noir aux armes de Henri II (plaque h. 104 mm) dorées sur une pièce de maroquin orange foncé mosaïquée découpée à la forme exacte des armes, à semé de larges emblèmes au triple croissant et de chiffres HDD mosaïqués de maroquin rouge et sertis d'un filet doré, complété dans la partie centrale de la répétition de deux fers emblématiques (arc et carquois) ; bordure formée d'une bande mosaïquée de maroquin brun orangé sertie de filets dorés (2+1) et estampés à froid.
- Au plat supérieur, titre « perspectiva˜ vitelionis • » doré sur deux lignes, au-dessus du bloc armorial.
- Dos long compartimenté en 6 caissons par des bandes de maroquin brun orangé marquées de hachures dorées et soulignées de doubles filets dorés ; caisson marqué chacun d'un emblème aux trois croissants entrelacés mosaïqué de maroquin brun orangé et serti d'un filet doré. Coiffes débordantes marquées de hachures en alternance dorées et argentées.
- Tranches dorées et ciselées à motif de rinceaux limité aux parties extrêmes des tranches, associé aux emblèmes royaux, le tout exécuté au poinçon : chiffre HDD en tête, grand chiffre H couronné associé à un croissant en gouttière, emblème aux trois croissants entrelacés en queue.
- Tranchefiles brodées doubles à chapiteau et à passe, à points droits sur chevrons, bicolores (fils de soie bleu et écru pour les deux).
- Éléments annexes : Traces de petits boulons dans les quatre coins des deux plats (au centre de chaque emblème aux trois croissants entrelacés). Traces de quatre lanières tressées sur le plat inférieur (1-2-1) et de leur fixation sur les trois chants de l'ais supérieur (1-2-1). Trace de deux sabots dans le chant inférieur du plat inférieur.
- Chasses (très minces) marquées d'un filet estampé à froid.
- Contregardes et gardes papier blanc (3 au début et 2 en fin), avec filigrane : lettre B (1ère et 3e gardes en début de volume et 1ère garde finale).
Structure : Matériau des plats : ais. Couture sur 5 doubles nerfs de peau. Les entrenerfs ont été apprêtés et comblés avant couvrure, de manière à obtenir un dos lisse propre à recevoir un décor en continu. Visibles par transparence sous les contregardes, claies de parchemin contrecollées (forme trapézoïdale ; défet imprimé, d'après ce qui est visible au contreplat inférieur).
État de conservation : Cuir des plats éraflé et quelques lacunes dans les mosaïques de cuir des emblèmes. Reliure restaurée (maroquin) : partie centrale du plat supérieur, côté gouttière (avec retouche de dorure, y compris sur le carquois).
Historique du document
Provenances
Henri II, roi de France (1547-1559), pour la Bibliothèque royale de Fontainebleau.
Entrée dans les collections
Présent dès l'origine dans les collections de la Bibliothèque royale : estampille n° 1 (première estampille utilisée à la Bibliothèque royale, de la fin du XVIIe siècle à 1724).Anciennes cotes attribuées à la Bibliothèque : « XVII » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIe siècle, catalogue Rigault I, 1622) ; « 162 » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIe siècle, catalogue des frères Dupuy, 1645) ; « V 148 » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIIe s.)
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