Reliure à la grecque en maroquin brun à bordure de mauresques aux armes de Henri II, roi de France, Paris, atelier de Claude Picques, vers 1556
Paris. Bibliothèque nationale de France. Réserve des livres rares. RES-S-447
- Mots clés
- Reliure à décor ♦ Plein cuir • Reliure à la grecque ♦ Maroquin ♦ Bordure • Mauresques ♦ Argenture • Dorure • Fers azurés • Fers pleins • Filets courbes • Mosaïque de cuirs • Rehauts peints
- Dimensions :
- 344 (352) x 228 x 54 mm
Contenu
- Georgius Agricola. De Re metallica libri XII. Bâle : Johann Froben, Nikolaus Episcopius, 1556. In-fol.
Reliure
Commentaire
Reliure exécutée à Paris vers 1556 par Claude Picques, relieur du roi. Cette commande correspond à la dernière phase du programme de reliure bellifontain mis en oeuvre sous le règne de Henri II, qui est exclusivement destinée aux volumes imprimés acquis à partir du début des années 1550, pour lesquels sont créées des reliures aux grands décors tous uniques et qui comptent de ce fait parmi les plus luxueuses réalisations de la Renaissance française dans leur domaine. Concernant la reliure proprement dite, on retrouve ici les éléments distinctifs du cahier des charges mis en place pour ce petit groupe, qui reprend en fait, sans considération aucune pour la langue de rédaction des textes, les éléments structurels initialement définis, lors du lancement de ce programme de reliure sous le règne de François Ier, pour les manuscrits et imprimés en grec. Il s'agit donc de reliures dites à la grecque, où l'on reconnaît les plats constitués d’ais aux chants rainurés, le dos long avec coiffes débordantes et l'absence de chasses, les tranchefiles brodées doubles et les quatre paires de lanières de cuir tressé (traces) en guise de fermoirs. On voit aussi sur les plats les boulons métalliques dont toutes ces reliures étaient initialement dotées. Au sein de ce groupe restreint, le seul élément permanent de l'héraldique royale est la présence, au centre des plats, de la petite plaque centrale aux armes de Henri II, ici dorée sur une pièce de maroquin noir mosaïquée découpée à l'exacte forme du bloc armorial. Les seuls autres éléments héraldiques sont les petites lettres H couronnées dorées au dos de la reliure.
Concernant le décor de cette reliure, il fait partie de ceux qui respectent encore à cette date la règle originelle, propre au programme bellifontain, d’une disposition sous la forme d’un encadrement rectangulaire. Il prend ici la forme d'une large bordure mosaïquée de maroquin olive, encadrée d'une fine bande peinte en noir et sertie de filets dorés, où se déroule une frise argentée de mauresques, exclusivement composée de petits fers azurés (paires et boutons floraux), certains rehaussés de rouge, frise dont les enroulements se déploient de part et d'autre des petits compartiments quadrilobés, avec petite figure centrale noir et rayée peinte sur un fond rouge. Le dos a reçu un décor analogue de fines mauresques, composées cette fois avec de très petits fers pleins récement acquis par l'atelier, circonscrites sur trois pièces de maroquin brun mosaïquées qui n'occupent que la partie centrale et les extrémités de la surface disponible.
Le traitement des tranches, dorées et ciselées, propose quant à lui un décor de larges rinceaux circonscrits aux extrémités, encadrant ainsi l'emblématique royale ciselée dans la partie centrale.
Description de la reliure
- Reliure à la grecque en maroquin brun aux armes de Henri II (plaque h. 104 mm) dorées sur une pièce de maroquin noir mosaïquée découpée à la forme exacte des armes, à bordure mosaïquée de maroquin olive ornée de mauresques (filets courbes simples argentés associant fers azurés et petits fers à rehauts peints rouges), rythmées au milieu de chaque côté par un petit compartiment polylobé orné sur fond peint en rouge d'une petite figure géométrique centrale peinte en noir et barré d'une bande vert olive rayée d'argent.
- Au plat supérieur, titre « georgii • agricolae / de • re metallica • + » doré en tête, dans le panneau central, au dessus du bloc armorial.
- Dos long mosaïqué de trois pièces de maroquin brun disposés au centre et aux extrémités du dos, ornées de mauresques (filets courbes simples et petits fers pleins) argentés, avec petit chiffre H surmonté d'une couronne (fer) doré de part et d'autre de la pièce centrale ; bande de hachures dorées en tête et queue. Coiffes débordantes marquées de hachures dorées.
- Tranches dorées et ciselées à décor de rinceaux aux extrémités et emblèmes royaux au centre, le tout exécuté au poinçon : emblème aux trois croissants entrelacés en tête ; grande lettre H couronnée associée à un croissant en gouttière ; chiffre HDD en queue.
- Tranchefiles brodées doubles à chapiteau et à passe, à points droits sur chevrons, bicolores (fils de soie jaune et rose pour les deux).
- Éléments annexes : Boulons dans les quatre coins de la bordure ornée des deux plats. Traces de quatre lanières tressées sur le plat inférieur (1-2-1) et de leur fixation sur les trois chants de l'ais supérieur (1-2-1). Trois sabots fichés dans le chant inférieur des deux ais (2+1 ; trou en queue à l'emplacement du 4e sabot, disparu).
- Absence de chasses.
- Contregardes et gardes papier blanc (3 au début et 1 en fin), avec filigrane : lettre B (2e et 3e garde en début, garde finale).
Structure : Matériau des plats : ais. Couture sur 5 nerfs de peau. Les entrenerfs ont été apprêtés et comblés avant couvrure, de manière à obtenir un dos lisse propre à recevoir un décor en continu. Bandes de renfort rectangulaires (défets manuscrits) visibles sous les contregardes (celles-ci grossièrement contrecollées).
Historique du document
Provenances
Henri II, roi de France (1547-1559), pour la Bibliothèque royale de Fontainebleau.
Entrée dans les collections
Présent dès l'origine dans les collections de la Bibliothèque royale : estampille n° 1 (première estampille utilisée à la Bibliothèque royale, de la fin du XVIIe siècle à 1724).Anciennes cotes attribuées à la Bibliothèque : « CCCCLXIV » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIe siècle, catalogue Rigault I, 1622); « 439 » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIe siècle, catalogue des frères Dupuy, 1645) ; « S 291 » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIIe s.).