Reliure à la grecque en maroquin rouge à décor de mauresques (bordure) aux armes de Henri II, roi de France, Paris, atelier de Claude Picques, vers 1556
Paris. Bibliothèque nationale de France. Réserve des livres rares. RES G-YC-338
- Mots clés
- Reliure à décor ♦ Plein cuir • Reliure à la grecque ♦ Maroquin ♦ Bordure • Mauresques ♦ Dorure • Fers azurés • Fers (petits) • Filets courbes • Mosaïque de cuirs • Rehauts peints
- Dimensions :
- 300 (307) x 198 x 70 mm
Contenu
- Horace. Opera. Bâle : Heinrich Petri, 1555. In-fol.
Exemplaire comportant quelques notes manuscrites marginales.
Reliure
Commentaire
Reliure exécutée à Paris vers 1556 par Claude Picques, relieur du roi. Cette commande correspond à la dernière phase du programme de reliure bellifontain mis en oeuvre sous le règne de Henri II, qui est exclusivement destinée aux volumes imprimés acquis à partir du début des années 1550, pour lesquels sont créées des reliures aux grands décors tous uniques et qui comptent de ce fait parmi les plus luxueuses réalisations de la Renaissance française dans leur domaine. Concernant la reliure proprement dite, on retrouve ici les éléments distinctifs du cahier des charges mis en place pour ce petit groupe, qui reprend en fait, sans considération aucune pour la langue de rédaction des textes, les éléments structurels initialement définis, lors du lancement de ce programme de reliure sous le règne de François Ier, pour les manuscrits et imprimés en grec. Il s'agit donc de reliures dites à la grecque, où l'on reconnaît les plats constitués d’ais aux chants rainurés, le dos long avec coiffes débordantes et l'absence de chasses, les tranchefiles brodées doubles et les quatre paires de lanières de cuir tressé (traces) en guise de fermoirs. On voit aussi sur les plats les petits boulons métalliques dont toutes ces reliures étaient initialement dotées. Au sein de ce groupe restreint, le seul élément permanent de l'héraldique royale est la présence, au centre des plats, de la petite plaque centrale aux armes de Henri II, ici dorée sur une pièce de maroquin ton sur ton mosaïquée découpée à l'exacte forme du bloc armorial, avec des rehauts peints en noir, gris et blanc.
Concernant le décor de cette reliure, il fait partie de ceux qui respectent encore à cette date la règle originelle, propre au programme bellifontain, d’une disposition sous la forme d’un encadrement rectangulaire. Il prend ici la forme d'une large bordure mosaïquée de maroquin rouge, encadrée d'une fine bande peinte en noir et sertie de filets dorés, où se déroule une frise dorée de mauresques, composée de nombreux petits fers pleins et azurés faisant partie du matériel le plus récent de l'atelier, associé à d'autres plus anciens, notamment le fer au chapeau et, en tête et queue, le fer au fraisier. Cette frise dessine, à intervalles réguliers, des bandes plates dont les effets de reliefs sont rendus par des rehauts gris et, aux angles, par de petits enroulements rehaussés de noir, conférant à l'ensemble du décor l'aspect d'un large cuir. Le dos a reçu un décor analogue de fines mauresques circonscrites sur trois pièces de maroquin ton sur ton mosaïquées qui n'occupent que la partie centrale et les extrémités de la surface disponible.
Le traitement des tranches, dorées et ciselées, propose quant à lui un plein décor de rinceaux incluant dans les parties médianes un élément héraldique royal, également ciselé.
Description de la reliure
- Reliure à la grecque en maroquin orange aux armes de Henri II (plaque h. 104 mm) dorées sur une pièce de maroquin brun mosaïquée découpée à la forme exacte des armes, avec rehauts noirs et gris sur le pourtour des armes et blanc sur le croissant, à bordure mosaïquée de maroquin rouge soulignée d'une fine bande peinte en noir et ornée de mauresques (filets courbes simples associant fers azurés et petits fers pleins) avec à effets de bandes plates dans les angles et au milieu des côtés obtenus par le redoublement des filets et des rehauts peints gris et noirs.
- Au plat supérieur, titre « opera • horativs • / conconmento •/ » doré en tête, dans le panneau central, au dessus du bloc armorial.
- Dos long mosaïqué de trois pièces de maroquin brun disposés au centre et aux extrémités du dos, ornées de mauresques (filets courbes simples et petits fers dorés) ; bande de hachures dorées en tête et queue. Coiffes débordantes marquées de hachures dorées.
- Tranches dorées et ciselées à décor de rinceaux associé aux emblèmes royaux, le tout exécuté au poinçon : chiffre HDD en tête, grande lettre H couronnée et associée à un croissant en gouttière, emblème aux trois croissants entrelacés en queue.
- Tranchefiles brodées doubles à chapiteau et à passe, à points droits sur chevrons, bicolores (fils de soie respectivement rose et jaune sur bleu et rose).
- Éléments annexes : Petits boulons aux quatre angles intérieurs de la bordure ornée des deux plats. Traces de quatre lanières tressées sur le plat inférieur (1-2-1) et de leur fixation sur les trois chants de l'ais supérieur (1-2-1). Trois sabots fichés dans le chant inférieur des deux ais (2+1 ; trou en queue à l'emplacement du 4e sabot, disparu).
- Absence de chasses.
- Contregardes et gardes papier blanc (3 au début et 2 en fin), filigrane : petite couronne avec trèfle pendant (1ère et 3e gardes en début et garde finale)
Structure : Matériau des plats : ais. Couture sur 5 nerfs de peau. Les entrenerfs ont été apprêtés et comblés avant couvrure, de manière à obtenir un dos lisse propre à recevoir un décor en continu. Bandes de renfort rectangulaires (défets imprimés) visibles sous les contregardes.
Historique du document
Provenances
Henri II, roi de France (1547-1559), pour la Bibliothèque royale de Fontainebleau.
Entrée dans les collections
Présent dès l'origine dans les collections de la Bibliothèque royale : estampille n° 1 (première estampille utilisée à la Bibliothèque royale, de la fin du XVIIe siècle à 1724).Anciennes cotes attribuées à la Bibliothèque : « MDCLXXVII » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIe siècle, catalogue Rigault I, 1622); « 250 barré pour 570, changé en 576 » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIe siècle, catalogue des frères Dupuy, 1645) ; « Y 990 » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIIe s.).