Reliure à la grecque en maroquin rouge à décor de rinceaux aux armes de Henri II, roi de France, Paris, atelier de Claude Picques, vers 1558
Paris. Bibliothèque nationale de France. Réserve des livres rares. RES-K-20 (1) et (2)
Contenu
- Paolo Giovio. Illustrium virorum vitae. Florence : Lorenzo Torrentino, 1551. In-fol.
- Paolo Giovio. Elogia virorum bellica virtute illustrium. Florence : Lorenzo Torrentino, 1551. In-fol.
La reliure réunit les deux textes listés ci-dessus, respectivement sous cotés (1) et (2).
Reliure
Commentaire
Reliure exécutée vers 1558 à Paris par Claude Picques, relieur du roi. Cette commande correspond à la dernière phase du programme de reliure bellifontain mis en oeuvre sous le règne de Henri II, qui est exclusivement destinée aux volumes imprimés acquis à partir du début des années 1550, pour lesquels sont créées des reliures aux grands décors tous uniques et qui comptent de ce fait parmi les plus luxueuses réalisations de la Renaissance française dans leur domaine. Concernant la reliure proprement dite, on retrouve ici les éléments distinctifs du cahier des charges mis en place pour ce petit groupe, qui reprend en fait, sans considération aucune pour la langue de rédaction des textes, les éléments structurels initialement définis, lors du lancement de ce programme de reliure sous le règne de François Ier, pour les manuscrits et imprimés en grec. Notons ici que, en l'occurrence, ce lien est préservé puisqu'il s'agit d'une édition en grec, parmi les toutes dernières confiées dans le cadre du programme bellifontain. Il s'agit donc de reliures dites à la grecque, où l'on reconnaît les plats constitués d’ais aux chants rainurés, le dos long avec coiffes débordantes et l'absence de chasses, les tranchefiles brodées doubles et les quatre paires de lanières de cuir tressé (traces) en guise de fermoirs. On voit aussi sur les plats les boulons métalliques dont toutes ces reliures étaient initialement dotées. Au sein de ce groupe restreint, le seul élément permanent de l'héraldique royale est la présence, au centre des plats, de la petite plaque centrale aux armes de Henri II, ici dorée directement sur le cuir de couvrure.
Concernant le décor de cette reliure, il fait partie de ceux qui s'émancipent à cette date de la règle originelle, propre au programme bellifontain, d’une disposition sous la forme d’un encadrement rectangulaire. Il prend ici la forme d'un plein décor de rinceaux entièrement argenté qui se développe autour d'une large figure centrale polylobée à fond entièrement pointillé, dont le champ central a reçu le bloc armorial qui se détache en réserve sur un fond évidé de rayures horizontales dorées. Le même principe ornemental a été retenu au dos, qui offre aussi un plein décor de rinceaux argenté.
Le traitement des tranches, dorées et ciselées, propose quant à lui un décor de larges rinceaux circonscrits aux extrémités, encadrant ainsi l'emblématique royale ciselée dans la partie centrale.
Description de la reliure
- Reliure à la grecque en maroquin rouge aux armes de Henri II (plaque h. 104 mm) dorées, inscrites dans un compartiment polygonal à fond criblé et au champ ovale entièrement marqué de lignes dorées, à partir duquel se déploie un plein décor de rinceaux à rehauts peints (lavis) noirs et rouge sombre ; fine bordure extérieure d'oves à rehauts noirs, exécutée par la répétition d'un unique fer, soulignée de doubles filets argentés et marquée aux angles d'un lis argenté.
- Au plat supérieur, titre « • pavlvs iovivs • tomvs • I • et • 2• » doré sur deux lignes, dans le décor, juste au-dessus du bloc armorial.
- Dos long à décor de frise de rinceaux argentés terminé en tête et queue d'une corne d'abondance, rehaussés de lavis noirs et rouge sombre, agencés de part et d'autre d'un petit cartouche central marqué d'un carquois (fer), emblème royal ; bande de hachures argentées en tête et queue. Coiffes débordantes, celle de tête marquée de hachures argentées, celle de queue laissée nue.
- Tranches dorées et ciselées, sur le modèle italien : répétition de petits fers striés rectangulaires disposés en quinconce, bordés de part et d'autre d'une ligne de petits fers striés courbes.
- Tranchefiles brodées doubles à chapiteau et à passe, à points droits sur chevrons (fils de soie bleu et écru pour les deux).
- Éléments annexes : Traces de boulons aux quatre coins des deux plats. Traces de quatre lanières tressées sur le plat inférieur (1-2-1) et de leur fixation sur les trois chants de l'ais supérieur (1-2-1). Trois sabots fichés dans le chant inférieur des deux ais (2+1 ; trou en queue à l'emplacement du 4e sabot, disparu).
- Absence de chasses.
- Gardes de papier blanc (2 au début et 3 en fin), avec filigrane : lettre B (gardes en début, 1ère et 3e gardes finales).
Structure : Matériau des plats : ais. Couture sur 6 doubles nerfs de peau. Les entrenerfs ont été apprêtés et comblés avant couvrure (mais un relief relatif reste ici visible), de manière à obtenir un dos lisse propre à recevoir un décor en continu. Visibles par transparence sous les contregardes, bandes de renfort rectangulaire au contreplat supérieur, trapézoïdale au contreplat inférieur.
État de conservation : Coiffe de tête lacunaire au niveau du mors supérieur.
Historique du document
Provenances
Henri II, roi de France (1547-1559), pour la Bibliothèque royale de Fontainebleau.
Entrée dans les collections
Présent dès l'origine dans les collections de la Bibliothèque royale : estampille n° 1 (première estampille utilisée à la Bibliothèque royale, de la fin du XVIIe siècle à 1724).Anciennes cotes attribuées à la Bibliothèque : « CCCCXXXV » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIe siècle, catalogue Rigault I, 1622) ; « 123 » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIe siècle, catalogue des frères Dupuy, 1645) ; « K.35 » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIIe s.).