Reliure en maroquin brun aux armes de France, à décor rocaille (bordure), Paris, atelier d'Antoine-Michel Padeloup, vers 1751-1758
Paris. Bibliothèque nationale de France. Réserve des livres rares. RES GR FOL-LB38-232 (ALPHA)
- Mots clés
- Reliure à décor ♦ Plein cuir ♦ Maroquin ♦ Bordure • Rocaille ♦ Dorure • Fers (petits) • Fers pleins • Plaques • Roulettes ornées
- Dimensions :
- 657 x 489 x 46 mm
Contenu
- Le Sacre de Louis XV Roy de France et de Navarre, dans l'église de Reims, le dimanche XXV octobre MDCCXXII. [Paris] : [Antoine Danchet], [1731]. Gr. in-fol.
Reliure
Commentaire
Reliure exécutée à Paris vers 1751-1758 par l'atelier d'Antoine-Michel Padeloup, relieur du roi. Ce livre monumental (635 x 470 mm), comprenant 74 planches gravées (dont 10 doubles) pour la plupart dessinées par Pierre Dulin (1669-1748), peintre ordinaire du roi, relate les événements de la journée du sacre et détaille les habillements du roi et de sa suite. Paru sans mention de lieu d’impression, d’imprimeur ni de date, on sait, par la relation qu’en donne Le Mercure de France en avril 1732, que l’ouvrage fut présenté à Louis XV le 24 décembre 1731, soit plus de neuf ans après l’événement, retard dû autant aux difficultés techniques inhérentes à la réalisation d’un projet éditorial aussi ambitieux qu'aux atermoiements dans le paiement des artistes sollicités. Cet ouvrage commémoratif officiel célébrant un acte majeur et fondamental du règne et, par-là, "la légitimité de la royauté de droit divin, de sa grandeur et de ses fastes" (Bléchet 1995, p. 26), était destiné à être largement distribué pour en assurer la meilleure publicité, ce qui nécessita dès lors la mise en place de campagnes successives de reliures, de qualités d’exécution diverses.
La bordure rocaille qui orne le présent exemplaire offre la singularité de ne pas avoir été réalisée au moyen de l'un des deux jeux de plaques ornementales qui avait été spécialement gravé pour les reliures de commande du livre du Sacre de Louis XV mais avec l'un des jeux de plaques créé pour les reliures de commande destinées aux exemplaires des deux livres de fêtes retraçant les fêtes données pour les mariages successifs du dauphin, en février 1745 (Fêtes publiques données par la ville de Paris à l'occasion du mariage de Monseigneur le Dauphin les 23 et 26 février M.D.XLV) et février 1747 (Description de la fête publique...à l'occasion du mariage de Monseigneur le dauphin, avec la princesse Marie-Josèphe de Saxe. Il s'agit ici du jeu de cinq plaques qui se caractérise par la présence d'éléments rocaille tels que cartouches chantournés et ailes de chauve-souris (Barber 2013, p. 313-314, FE4). Seules quatre d'entre elles sont ici utilisées, respectivement empreintes l’une au milieu des petits côtés (110 x 115 mm ; Barber 2013, FE4 (c), avec cartouche central chantourné encadré de filets entrelacés et volutes), l’autre dans les angles (153 mm de côté ; Barber 2013, FE4 (a) avec cartouche chantourné à champ vide encadré de deux cornes d'abondance) et les deux autres combinées sur les grands côtés (62 x 120 et 42 x 89 mm ; Barber 2013, FE4 (d) et (e), respectivement avec ornement en ailes de chauve-souris inscrit dans un cartouche chantourné et motif floral central encadré d'ailes de chauve-souris et temriné de volutes). Douze empreintes, faites au moyen d’une presse, ont au total été nécessaires à la réalisation complète du décor. La reliure ne porte aucune étiquette d'Antoine-Michel Padeloup, mais l'attribution à son atelier repose notamment sur la présence de la roulette ornée qui orne les contreplats, identifiée sur des reliures signées de son nom et à ce titre recensée comme appartenant à son matériel de dorure. Quant à la datation de cette reliure, elle est proposée au plus tôt en novembre 1751, mois de la mise en vente commune des deux livres de fêtes cités ci-dessus, comme le révèle une annonce parue dans Le Mercure de France, et au plus tard septembre 1758, date du décès d'Antoine-Michel Padeloup.
Une mention manuscrite au crayon, au verso de la 1ère garde volante, indique : « Ce volume a été placé sur le bureau de l'empereur de Russie pendant la durée de son séjour au palais de Compiègne en septembre 1901. » (signé des initiales C. M.).
Description de la reliure
- Reliure en maroquin brun aux grandes armes de France (OHR 2495, 20 / Barber 2013, OHR/TLW 2495 20d ; 157 x 145 mm), à décor de large bordure exécutée à l'aide de quatre plaques ornementales à motif rocaille associant cartouches chantournés, motifs en ailes de chauve-souris et feuillages (feuilles d'acanthes, lauriers, palmes et fleurons) ; dans les angles sont dorés en alternance une large fleur de lis perlée ou un chiffre royal (double L entrelacé) inscrit dans une couronne de palmes, éléments ajoutés indépendamment des plaques, de même que le bouton floral doré dans l'enroulement de feuillages débordant vers l'intérieur des plats. Mince bordure composée d'une roulette ornée à motif de feuillage (combinaison de feuillage et cadres), redoublée côté intérieur sur les petits côtés d'une roulette à motif floral (guirlande de grenades).
- Dos à 9 nerfs, ornés d'une palette à motif floral ; entrenerfs marqués au centre du chiffre royal (double L entrelacé, entourant une fleur de lis, surmonté d'une couronne fermée) et, dans les angles et au milieu des côtés, d'une fleur de lis (deux fers différents : plein or au milieu des côtés, avec zones pointilées dans les angles), le tout complété de petits fers ornementaux (bouton de fleur, soleil), encadrement d'un filet doré redoublé d'un filet dentelé ; dans le 2e entrenerf, titre « sacre de louis xv année 1722 » doré sur cinq lignes, sur une pièce de titre en maroquin rouge ; en tête et queue, roulette ornée à motif héraldique et végétal (fleur de lis et palme), reprise quatre fois en queue. Traces de dorure sur les coiffes.
- Tranches dorées.
- Tranchefiles brodées à chapiteau à points droits, bicolores (fils de soie bleu et écru)(disparue en tête).
- Éléments annexes : Signet de soie rose orange (détaché).
- Coupes ornées d'une roulette à motif floral.
- Chasses ornées d'une large roulette à motif végétal (guirlande alternant six fleurs variées, dont celle du houblon)(Barber 2013, ROLL 81).
- Contregardes et gardes papier marbré à motif de feuille de chêne caillouté, dans les tons bleu, rouge, orange et vert. Les feuilles utilisées étant de format inférieur à celui du volume, il a été nécessaire, en tête ou au bord de chaque contreplat et garde volante, d'ajouter une bande de papier découpée dans une autre feuille, au demeurant sans qu'ait été manifesté le souci de raccorder les motifs. Gardes papier blanc épais (1 en début et 1 en fin), sans filigrane.
Structure : Matériau des plats : cartons.
État de conservation : Coiffe de tête lacunaire et fragilisée par la disparition de la tranchefile ; coiffe et coupes de queue très frottées (décor presque illisible), coins frottés et ouverts, tranchefile de tête disparue ; signet de soie lacunaire. Reliure restaurée (maroquin) : lacune en tête du dos.
Reliures apparentées
Historique du document
Provenances
Possesseur non identifié (trace d'un ex-libris gravé arraché, au verso de la 1ère garde volante) ; Bibliothèque du Tribunat (estampille et cote « F. N° 1141 » à la page de titre) ; Bibliothèque du Palais de Compiègne (estampille ronde avec ajout manuscrit : « 1855. n° 1930 » et tampon violet à la page de titre) ; tampon bleu ovale rec. inv. 1873 (à la page de titre).