Reliure en maroquin rouge à décor de bordure (mauresques) aux armes de François II, roi de France, Paris, atelier de Claude Picques, vers 1559-1560
Paris. Bibliothèque nationale de France. Réserve des livres rares. RES-H-3
- Mots clés
- Reliure à décor ♦ Plein cuir • Reliure à la grecque ♦ Maroquin ♦ Bordure • Mauresques ♦ Argenture • Dorure • Fers azurés • Fers pleins • Filets courbes
- Dimensions :
- 336 (345) x 218 x 80 mm
Contenu
- Flavius Josèphe. Antiquitatum judaicarum libri XX. Bâle : Johann Froben, Nikolaus Episcopius, 1554. In-fol.
Reliure
Commentaire
Reliure exécutée en 1559-1560 à Paris par Claude Picques, relieur du roi. Cette commande s’inscrit dans la dernière phase du programme de reliure destiné à la bibliothèque réunie au château de Fontainebleau, et qui concerne, pour les livres imprimés, les volumes acquis à la fin du règne de Henri II qui n'avaient pas encore été pris en charge. Cette pièce présente ainsi toutes les caractéristiques structurelles des reliures dites à la grecque dont le modèle avait été retenu pour la série des grands décors Henri II, indépendammant de la langue des textes reliés, dont on retrouve ici les éléments distinctifs : plats constitués d’ais aux chants rainurés, dos long avec coiffes débordantes et absence de chasse, tranchefiles brodées doubles et quatre paires de lanières de cuir tressé (traces) en guise de fermoirs. On voit aussi sur les plats la trace des boulons métalliques dont toutes ces reliures étaient initialement dotées. L’héraldique royale au sein de ce dernier groupe ne répond pas en revanche à des règles strictes, si ce n'est la présence, au centre des plats, de la plaque aux armes de François II enrichie dans son registre inférieur d'une composition de fers propre à chaque reliure (ici, une paire florale associée au fer au chapeau au fer et à une fleur de lis) ; cette plaque est complétée, sur les plats, des chiffres couronnés du roi et fleurs de lis, aussi couronnées, éléments également dorés en alternance sur le dos.
Concernant le décor de cette reliure, il répond à la règle intangible, commune à toutes les reliures du programme bellifontain, d’une disposition sous la forme d’un encadrement rectangulaire, et il fait partie, par la nature de son dessin, du groupe des reliures à décors de mauresques dont le principe repose sur la combinaison d'un nombre plus ou moins important de petits fers. Unique au sein de ce dernier groupe de reliures aux armes de François II, il s'agit aussi de l'exemple le plus tardif de ce principe ornemental qui avait été inauguré au début du programme bellifontain, dès le règne de François Ier, sur la reliure de manuscrits grecs ; le décor se déroule ici à la manière d'une frise en continu, dont l'effet est accentué par la présence de nombreuses spirales (filets courbes simples), agrémentées d'un matériel de dorure qui combine fers azurés les plus anciens (fers au fraisier et au chapeau, paires florales) et fers les plus récents (bouton floral stylisé, petits fers pleins, fer azuré d'angle) de l'atelier.
Le traitement des tranches, dorées et ciselées, propose quant à lui un type de décor proche des modèles de ciselure à l'italienne, réalisé ici par la répétition de deux petits fers hachurés, l'un droit poussé en quinconce sur la surface des tranches et l'autre, droit, poussé en continu sur les bords.
Description de la reliure
- Reliure à la grecque en maroquin rouge aux armes de François II dorées (plaque h. 116 mm : cartouche ovale encadrant les armes proprement dites), et complétées, dans le registre inférieur de la plaque, d'une petite composition de fers azurés dorés, associée à une fleur de lis et deux F couronnés aussi dorés, le tout inscrit dans un décor de bordure argentée de mauresques (filets courbes simples associant fers azurés ou pleins), encadrée de filets (2+1) argentés et ponctués aux angles. Encadrement extérieur d'un triple filet à froid. Héraldique dorée dans le panneau central : chiffres F couronnés de part et d'autre du bloc armorial ; fleur de lis couronnée aux quatre angles intérieurs.
- Au plat supérieur, titre « OPERA • IOSEPHI • » doré en tête du panneau central. D'autre part, le numéro d'ordre « ii » a été ajouté à la suite du chiffre royal (F couronné).
- Dos long compartimenté en sept caissons par des bandes argentées hachurées encadrées d'un double filet. Chaque caisson est marqué, en alternance, d'une fleur de lis couronnée et d'un petit F couronné associée à une petite fleur de lis couronnée disposée tête-bêche, de part et d'autre du chiffre. Coiffes marquées de hachures argentées.
- Tranches dorées et ciselées, sur le modèle italien : répétition de petits fers rectangulaires striés disposés en quinconce, bordés de part et d'autre d'une ligne de petits fers courbes striés.
- Tranchefiles brodées à chapiteau et à passe, à points droits, bicolores (fils de soie bleu et jaune).
- Éléments annexes : Traces de boulons aux quatre angles des deux plats. Traces de quatre lanières tressées sur le plat inférieur (1-2-1) et de leur fixation sur les trois chants de l'ais supérieur (1-2-1). Traces de deux sabots sur le chant inférieur de l'ais inférieur.
- Chasses marquées d'un filet estampé à froid.
- Contregardes et gardes de papier blanc (3 au début et 1 en fin de volume), avec filigrane : lettre P à jambage barré.
Structure : Matériau des plats : ais. Couture sur 6 nerfs. Les entrenerfs ont été apprêtés et comblés avant couvrure, de manière à obtenir un dos lisse.
État de conservation : Quelques éraflures et taches brunes sur les plats, et notamment au plat inférieur. Maroquin du plat supérieur décoloré par rapport au plat inférieur. Mors frottés.
Historique du document
Provenances
François II, roi de France (1559-1560) ; Bibliothèque royale de Fontainebleau.
Entrée dans les collections
Présent dès l'origine dans les collections de la Bibliothèque royale, estampillé à la fin du XVIIe siècle (estampille n° 1, première estampille utilisée à la Bibliothèque royale, de la fin du XVIIe siècle à 1724).Anciennes cotes attribuées à la Bibliothèque : « DCCXIII » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIe siècle, catalogue Rigault I, 1622) ; « 249 » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIe siècle, catalogue des frères Dupuy, 1645) ; « C.6 » et « H. 2 » (cotes de la Bibliothèque royale au XVIIIe s.)