Reliure exécutée à Paris vers 1645 par un atelier non identifié probablement à l'initiative du cercle intime du chancelier Pierre Séguier (1588-1672). Si le semé est un genre bien établi au XVIIe siècle, celui réalisé sur la présente reliure reste exceptionnel par son thème hermétique associant trois fers évoquant l'alchimie. Ce motif emprunte en l'occurence ses éléments à la marque typographique de Jacques II de Sanlecque (1612-1659), éditeur des trois textes alchimiques qui composent le recueil. Cette marque fait l’objet, à la fin du Traité de l’eau de vie, d’un long commentaire de l'imprimeur intitulé « L’imprimeur au lecteur sur l’explication de sa marque typographique, ou écusson harmonique en faveur du vin ou de l’eau-de-vie », l’association de la tortue saturnienne et du raisin solaire marquant la réconciliation des principes de l’alchimie orientale et occidentale. Tout autant que le recours à ces fers emblématiques, le choix même du semé peut ici être interprété comme une allégorie du grand œuvre alchimique puisqu’une figure métaphorique remise à l’honneur au début du XVIIe siècle, notamment par Michäel Maier dans son Atalanta fugiens (1617) et Johann Thölde (le pseudo Basile Valentin) dans ses Douze Clefs (1618), présente l’alchimiste comme un paysan semeur d’or, conférant aux métaux un caractère organique.

Il y a tout lieu de penser que la commande de cette pièce unique est intimement liée au cercle du chancelier Pierre Séguier : les trois textes du recueil sont en effet respectivement dédicacés à Jean Vautier (1589-1652), premier médecin du roi, à Marin Cureau de la Chambre (1594-1669), médecin du roi et du chancelier, et enfin à Séguier lui-même. Le second est en outre édité par Jean Ballesdens (1595-1675), son homme de confiance.