Reliure à la grecque en maroquin brun à décor de bordure (fers répétés) aux armes de Henri II, roi de France, Fontainebleau, atelier de Gomar Estienne, vers 1547-1550
Paris. Bibliothèque nationale de France. Réserve des livres rares. RES-YB-830
- Mots clés
- Reliure à décor ♦ Plein cuir • Reliure à la grecque ♦ Maroquin ♦ Bordure ♦ Argenture • Dorure • Fers azurés • Fers évidés • Rehauts peints
- Dimensions :
- 168 (175) x 101 x 53 mm
Contenu
- Arsène Apostolios. [Grec] Scholia in septem Euripidis tragoedias. Venise : Lucantonio Giunta, 1534. In-8.
Reliure
Commentaire
Reliure exécutée à Fontainebleau vers 1547-1550 par Gomar Estienne, relieur du roi, pour la bibliothèque réunie au château de Fontainebleau, où sont transférés à partir de 1545 les textes savants initialement rassemblés pour créer et enrichir la bibliothèque d’un Collège royal, finalement resté à l’état de projet. Cette pièce présente toutes les caractéristiques structurelles des reliures réalisées dans ce cadre au début du règne de Henri II sur les livres imprimés en grec et les livres multilingues contenant du grec, définies dans le cahier des charges mis en place dès le lancement de ce programme pour les manuscrits grecs, au coeur et à l'origine même du projet. Tous les textes en grec, de cette bibliothèque, manuscrits comme imprimés, sont ainsi dans des reliures dites à la grecque, en raison de leur similitude avec la structure des reliures byzantines grecques, délibérément choisie comme modèle, et dont on retrouve ici les éléments distinctifs : plats constitués d’ais aux chants rainurés, dos long avec coiffes débordantes et absence de chasse, tranchefiles brodées doubles et quatre paires de lanières de cuir tressé (traces) en guise de fermoirs. On voit aussi sur les plats la trace des boulons métalliques dont toutes ces reliures étaient initialement dotées. L’héraldique royale propose de même ici les éléments propres au premier groupe de ces reliures à la grecque réalisées sur des imprimés d'un format inférieur à l'in-folio : sur les plats, petite plaque centrale aux armes de Henri II et fers emblématiques argentés associés à des fleurs de lis dorées ; au dos, un semé bicolore de H couronnés argentés et fleurs de lis dorées. Notons enfin le respect d’une autre règle propre au programme bellifontain qu’est l’alternance dans l'usage des couleurs or et argent, aussi bien entre les deux plats de la reliure que, sur chaque plat, entre le décor et le bloc armorial central.
Concernant le décor de cette reliure, il répond à la règle intangible, commune à toutes les reliures du programme bellifontain, d’une disposition sous la forme d’un encadrement rectangulaire, et il fait partie, par la nature de son dessin, du groupe des reliures à décors simplifiés dont le principe repose sur la répétition d’un unique fer ou, tout au plus, la combinaison de deux fers. Il s’agit ici, en raison du petit format du volume, d’une bordure reposant sur la répétition d’un unique fer azuré en forme de petit chapeau, dessinant de la sorte une frise géométrique.
Le traitement des tranches, dorées et ciselées, propose quant à lui un plein décor de rinceaux, disposés en candélabre de part et d'autre des éléments héraldiques centraux.
Description de la reliure
- Reliure à la grecque en maroquin brun aux armes de Henri II (plaque h. 104 mm) avec traces de rehauts blancs (pourtour du bloc, croissant et ornement sous la couronne), à décor de bordure composée par la répétition d'un unique fer azuré (forme de chapeau), interrompue par un bouton floral dans les angles, et souligné de filets simples et multiples estampés à froid. Dans le panneau central, semé héraldique argenté (fers), mêlant le chiffre HDD, l'emblème aux trois croissants entrelacés (avec rehauts peints blancs) à des fleurs de lis dorées.
- Au plat supérieur, bordure dorée ; bloc armorial argenté. En tête du plat et se poursuivant en tête du panneau central, titre grec « ΣΧΟΛΙΑ ΕΙΣΤΟΝ ΕΥΡΙΓ • » (titrage réalisé avec des lettres latines) doré sur deux lignes, suivi du numéro d'ordre « • A • », aussi doré.
- Au plat inférieur, bordure argentée ; bloc armorial doré. En tête, emblème au trois croissants entrelacés argenté (avec rehauts peints blancs), en lieu et place du titre au plat supérieur.
- Dos long à semé héraldique, alternant petits chiffres H couronnés argentés et fleur de lis dorées ; en tête et queue, bande décorative argentée obtenue par la répétition d'un unique fer évidé à motif de croissant bombé, encadrée de part et d'autre d'un double filet aussi argenté. Coiffes débordantes marquées de hachures argentées.
- Tranches dorées et ciselées, à décor de rinceaux exécuté au poinçon, associés aux emblèmes royaux : chiffre HDD (fer) en tête, grande lettre H en gouttière (au poinçon) et emblème aux trois croissants entrelacés en queue (fer).
- Tranchefiles brodées doubles à chapiteau et à passe, à points droits sur chevrons, bicolores (fils de soie rose/jaune et écru).
- Éléments annexes : Traces de boulons aux quatre angles intérieurs de la bordure des deux plats. Traces de quatre lanières tressées sur le plat inférieur (1-2-1) et de leur fixation sur les trois chants de l'ais supérieur (1-2-1).
- Chasses marquées d'un filet estampé à froid.
- Gardes de papier blanc (3 au début et 3 en fin), avec deux filigranes : haute couronne ouverte et cerf.
Structure : Matériau des plats : ais. Couture sur 5 nerfs de peau. Les entrenerfs ont été apprêtés et comblés avant couvrure, de manière à obtenir un dos lisse propre à recevoir un décor en continu.
État de conservation : Mors et coiffes frottés, coins épidermés. Ais inférieur constellé de trous de vers.
Reliures apparentées
Historique du document
Provenances
Henri II, roi de France (1547-1559) ; Bibliothèque royale de Fontainebleau.
Entrée dans les collections
Présent dès l'origine dans les collections de la Bibliothèque royale, estampillé à la fin du XVIIe siècle (estampille n° 2.Anciennes cotes attribuées à la Bibliothèque : « MDXLIIII » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIe siècle, catalogue Rigault, I, 1622); « 670 » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIe siècle, catalogue des frères Dupuy, 1645) ; « Y.408 » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIIe s.).