Reliure exécutée à Paris vers 1660 par l'atelier d'Antoine Ruette pour un commanditaire inconnu. L'attribution repose sur la présence dans le matériel de dorure de fers caractéristiques de la production de cet atelier, parmi lesquels la paire de volutes qui empiète, dans le registre supérieur et inférieur des plats, sur le ruban dessinant la structure des compartiments (Esmerian 1972 , annexes A-VI). L'atelier d'Antoine Ruette s'était fait une spécialité de la reliure des livres de piété, dont certains comportaient aussi des tranches dorées à motif floral ciselé et peint (incluant notamment des tulipes), comme c'est également le cas sur la pièce décrite ici. Celle-ci est plus exceptionnelle dans ce corpus par la présence, sur les plats, d'une bordure en argent ciselé, d'une facture courante mais qui révèle néanmoins une attention particulière portée à l'enjolivement du volume.

Grâce à la mention « Marthre » gravée, encore lisible, sur la face interne de l'un des deux fermoirs, le prénom de la première propriétaire de ce volume nous est connu, mais on ignore ensuite tout de l'histoire du volume jusqu'à la fin du XIXe siècle, date à laquelle il réapparaît au sein de la communauté protestante de la ville de Caussade (Tarn-et-Garonne), confié tel un viatique d'une génération à l'autre, entre familiers et parents, jusqu'en 1960. On perd ensuite de nouveau sa trace jusqu'à son apparition sur le marché.