Reliure exécutée à Paris vers 1811-1812 par la manufacture dirigée par Théodore-Pierre Bertin, comme l'atteste la double présence de l'étiquette nominative (contregarde supérieure) et du timbre sec (1ère garde volante) faisant tous deux mention du brevet d'invention. Les deux gravures qui ornent chacune un plat de la reliure et qui en font toute l'originalité reprennent, en les inversant, celles qui illustraient les Chants VIII et X dans l'édition de La Henriade publiée par Cramer à Genève en 1768, gravures établies d'après de célèbres dessins du peintre et illustrateur Gravelot (1699-1773). On identifie ainsi, au premier plat, Henri IV à la bataille d'Ivry, ralliant ses troupes à son panache blanc, dont la gravure initiale signée Le Vasseur portait la légende « Sa valeur les vainquit, sa vertu les enchaîne » (extrait du Chant VIII), et, au second plat, Henri IV entrant dans Paris en vainqueur magnanime, dont la gravure initiale signée de Launay portait la légende « Tout le peuple changé dans ce jour salutaire reconnaît son vrai roi, son vainqueur et son père » (extrait du chant X). Par ce ce choix iconographique, la reliure se constitue en parfaite introduction au texte de La Henriade, avec la mise en exergue des deux épisodes qui sont au cœur même de l'épopée composée par le jeune Voltaire, qui est à la source de la construction du mythe du bon roi Henri dans l'imaginaire national : le succès de l'œuvre, mêlant événements réels ou fictifs et épisodes allégoriques pour mieux glorifier le premier des Bourbons, fut en effet immense.

La bordure à la grecque qui encadre les gravures des plats est en revanche sans relation avec ces dernières : elle est propre à la reliure et elle contribue à l'inscrire dans son époque, au sein d'une production qui, en ce début du XIXe siècle et plus particulièrement sous l'Empire, fait la part belle aux bordures géométriques d'inspiration néo-classique.