Reliure à rabat en maroquin rouge à décor d’encadrement (mauresques), aux armes de Henri II, roi de France, Fontainebleau, atelier de Gomar Estienne, vers 1550-1551
Paris. Bibliothèque nationale de France. Réserve des livres rares. A-593
Contenu
- Menahem ben Benjamin Recanati. [Hébreu] Pirousch al hattorah al derek hamath. Venise : David Bomberg, 1523. In-4.
Reliure
Commentaire
Reliure exécutée à Fontainebleau vers 1550-1551 par l'atelier de Gomar Estienne, relieur du roi pour la bibliothèque réunie au château de Fontainebleau, où sont transférés à partir de 1545 les textes savants initialement rassemblés pour créer et enrichir la bibliothèque d’un Collège royal, finalement resté à l’état de projet. Cette pièce présente toutes les caractéristiques structurelles des reliures réalisées dans ce cadre au début du règne de Henri II sur les ouvrages en langues orientales (arabe, arménien, éthiopien et hébreu), selon le modèle aménagé pour donner à cet ensemble linguistique large sa propre cohérence. Tous les textes en langues orientales de cette bibliothèque, manuscrits comme imprimés, sont ainsi dans des reliures dont on retrouve ici les éléments distinctifs : plats semi-rigides composés de cartons contrecollés, plat inférieur initialement prolongé d’un rabat doublé venant s’agrafer au plat supérieur, tranchefiles simples, contregardes de papier bleu. On voit aussi sur les plats la trace des boulons métalliques dont toutes ces reliures étaient initialement dotées. L’héraldique royale propose de même ici les éléments propres à ce petit groupe de reliures : sur les plats, petite plaque centrale aux armes de Henri II poussée sur un médaillon ovale de maroquin de couleur, mosaïqué, et fers emblématiques argentés associés à des fleurs de lis dorées ; au dos, un semé bicolore de H couronnés argentés et fleurs de lis dorées. Notons enfin le respect d’une autre règle propre au programme bellifontain qu’est l’alternance dans l'usage des couleurs or et argent, aussi bien entre les deux plats de la reliure que, sur chaque plat, entre le décor et le bloc armorial central.
Concernant le décor de cette reliure, il répond à la règle intangible, commune à toutes les reliures du programme bellifontain, d’une disposition sous la forme d’un encadrement rectangulaire, et il fait partie, par la nature de son dessin, du groupe des reliures à décors de mauresques dont le principe repose sur la combinaison d'un nombre plus ou moins important de petits fers. Il s’agit ici d’un encadrement inhabituel, mince et compartimenté (formes rondes et ovales) avec rehauts de peinture noire, qui est exclusivement composé par l'association de petits fers plein or de très petites dimensions. Il s'agit là d'un matériel nouveau dans l'atelier, qui n'apparaît qu'au début des années 1550.
Le traitement des tranches, dorées et ciselées, propose quant à lui un mince décor de mauresques sous la forme d'une guirlande florale figurée par des filets courbes agrémentés de la répétition d'un même et unique fer évidé à motif végétal, complété en gouttière de la répétition d'un fer azuré à motif de bouton floral.
Description de la reliure
- Reliure originellement à rabat (disparu) en maroquin rouge aux armes de Henri II (plaque h. 104 mm) poussées dans un ovale de maroquin olive mosaïqué, avec traces de rehauts blancs (pourtour du bloc), à décor d’encadrement intérieur de mauresques composé aux petits fers disposés dans un réseau d’entrelacs avec rehauts peints en noir, et combinés à des éléments héraldiques (chiffre H couronné et fleurs de lis). Dans le panneau central, éléments héraldiques (fers) : chiffre HDD et emblème aux trois croissants entrelacés (avec rehauts peints blancs), argentés en alternance aux quatre angles, associés à deux fleurs de lis dorées. Au milieu des côtés, emblèmes royaux argentés : chiffre HDD et emblème au trois croissants entrelacés (avec rehauts peints blancs). Encadrement extérieur de filets simples et multiples (gras et maigres), lié aux angles de l'encadrement intérieur par un filet multiple.
- Au plat supérieur, encadrement intérieur argenté, un filet extérieur doré ; bloc armorial doré. Trace de l’agrafe (deux trous) du rabat d’origine au milieu du plat supérieur. Absence de titre.
- Au plat inférieur, encadrement intérieur doré, un filet extérieur argenté ; bloc armorial argenté.
- Dos long à semé de lettres H couronnées argentées et fleurs de lis dorées ; en tête et queue, bande décorative argentée obtenue par la répétition d'un unique fer évidé à motif de croissant bombé, encadrée de part et d'autre d'une ligne aussi argentée composée par la répétition d'un même bouton floral. Coiffes marquées de hachures argentées.
- Tranches dorées et ciselées à décor de mauresques, exécuté au moyen de fers (combinaison de filets courbes et fers évidés), asssocié aux emblèmes royaux (fers) : chiffre HDD en tête et en queue, lettre H couronnée en gouttière.
- Tranchefiles brodées simples à chapiteau à points droits, bicolores (fils rose et écru).
- Éléments annexes : Traces de boulons (quatre au plat supérieur et deux au plat inférieur. Trace du rabat d’origine sur la coupe du plat inférieur et trace de l’agrafe (deux trous) de ce rabat au milieu du plat supérieur.
- Coupes marquées d'un filet argenté.
- Chasses nues.
- Gardes papier blanc épais (3 au début et 3 en fin de volume), avec filigrane : lettre P dans un double cercle.
Structure : Matériau des plats : feuilletons contrecollés. Les entrenerfs ont été apprêtés et comblés avant couvrure, de manière à obtenir un dos lisse propre à recevoir un décor en continu.
État de conservation : Coiffes frottées. Reliure restaurée (maroquin) : coupe du plat inférieur en gouttière (rabat disparu).
Historique du document
Provenances
Henri II, roi de France (1547-1559) ; Bibliothèque royale de Fontainebleau.
Entrée dans les collections
Présent dès l'origine dans les collections de la Bibliothèque royale (cf. références aux catalogues Rigault et Dupuy), mais estampillé tardivement lors des campagnes d'estampillage rétrospectif menées sous la Monarchie de Juillet (estampille n° 24, utilisée de 1833 à 1848).Anciennes cotes attribuées à la Bibliothèque : « MCCCXIII » (cotes de la Bibliothèque royale au XVIIe siècle, catalogue Rigault I, 1622) ; « 577 » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIe siècle, catalogue des frères Dupuy, 1645)« A. 689 » (cote de la Bibliothèque royale au XVIIIe siècle).