Reliure exécutée à Venise vers 1535-1539 par l'atelier dit du relieur de Mendoza, attribution qui repose sur la typologie du décor, caractéristique de la production vénitienne de l'époque et, notamment, de cet atelier, qui maîtrisait aussi la technique des reliures dites à la grecque en raison de leur similitude avec la structure des reliures byzantines grecques, délibérément choisie comme modèle pour relier les textes grecs, avec cette facilité propre à Venise de pouvoir disposer d'artisans formés et compétents, venus s'établir dans la cité après la chute de Constantinople en 1453. On retrouve donc ici tous les éléments structurels distinctifs de ces reliures : plats constitués d’ais aux chants rainurés, dos long avec coiffes débordantes et absence de chasse, tranchefiles brodées doubles et quatre paires de lanières de cuir tressé (traces) en guise de fermoirs. Les tranches ont quant à elles été simplement dorées.

Ce volume a été acquis tel à Venise en 1539 par Girolamo Fondulo, pour répondre à la commande d'achats de manuscrits et livres imprimés ordonnée en 1538 par le roi François Ier (1515-1547) dans la perspective de constituer la bibliothèque savante du futur Collège royal. L'abandon de ce projet conduit finalement au transfert de tous les volumes concernés au château de Fontainebleau, où les collections royales sont progressivement réunies à partir de 1545. C'est dans ce contexte que le bloc armorial et les emblèmes de Henri II sont ajoutés sur cette reliure vénitienne, en même temps que sont reliés les quatre autres volumes constitutifs de l'exemplaire, qui avaient été acquis soit en blanc soit dans une reliure qui aurait été remplacée pour une raison inconnue ; cet ajout intervient entre 1550 et 1552, d'après la typologie des armes (petite plaque poussée sur un ovale de maroquin incrusté au centre des plats) comme celle du décor d'encadrement des quatre autres volumes. C'est aussi probablement au même moment que sont ajoutés les quatre boulons encore visibles sur chaque plat.